El tango te espera…

J’avoue j’épuise
la nostalgie de lui — de Lui
dans l’étreinte serrée du cœur
un tango
après l’autre
talons pointus sur la piste glacée
je me souviens
cette voix fiévreuse
siempre bailas la nostalgia de algo
de alguien
ce poison d’absence aux aguets
dans un repli secret du cœur

Au pouls battant de la vie même
le Bien-Aimé attend il est
Toute-Nostalgie
et guette sans faillir
espérant que je délaisse
mes jeux d’enfants mes aiguillons de pacotille
la peur trop douce
le manque éventé du Soleil

Et même à ceux qui haussent les épaules
à qui cette musique-là elle ne dit rien du tout
La grande Vie lui donne
d’une voix éraillée de pochard
la réponse d’Anibal :
No pasa nada, che, el tango te espera

Un beau soir au détour
d’un plancher patinoire tu tombes
sur la poitrine qui résiste juste assez
la main sûre d’un cocher
L’abrazo — le vrai
te clôt le bec et les paupières
tu glisses
Voilà qu’il est ta vue ta volonté
et toi
toupie
mutine hautaine tourbillonnes
t’opposes un peu
par jeu
pour mieux obéir
Un jour et un autre et un autre
Le visage du danseur n’a aucune importance ni sa biographie ni sa taille ni son âge
tant qu’il fleure le propre et la testostérone
tant que c’est lui
qui décide
Main sûre longues enjambées
vous ourlez le bord de la piste
d’une ivresse périphérique
qui ressemble à l’Amour

Le tango t’attend, che, il a
toute l’éternité
pour te trouver.

 

crédit photo : Anouk Azar.

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