Tarocchi : residenziale estivo 4-7 luglio

Torniamo a Badia di Sasso per un residenziale di 4 giorni in un posto bellissimo, nella pace e il silenzio, per lavorare in profondità su Tarocchi e presenza. Meditazione, lezioni di movimento consapevole, lavoro teorico e pratico sul tarocco (con un accento sugli Onori quest’anno) e, come sempre, il cibo eccellente, i daini, la montagna, il cielo…

info – inscrizioni : bolognatarocchi(@)gmail.com

Master class tarot à Paris

 

Interpréter le Tarot : jouons le jeu !

Prochain rendez-vous DIMANCHE 3 FÉVRIER après-midi. Infos et inscriptions auprès de STÉPHANIE, cliquez ici

Les master class de cette année seront consacrées à la pratique (interprétation et lecture) du Tarot. 

img_2613Le Tarot est à l’origine un jeu de cartes, qui a servi pendant des siècles au jeu compétitif de l’avoir : stratégies, alliances, victoires et défaites, comptage des points… La richesse de ses symboles et de sa numérologie le destine aussi, dès l’origine, à ce “jeu de l’être” qu’est la lecture interprétative.
En explorant des formes de lectures, des plus minimalistes aux plus complexes, avec arcanes majeurs et/ou mineurs, en fonction de la question posée, nous approcherons ce grand art de la relation qui consiste à se mettre au service du consultant et de sa question. Cette double attention (au jeu et à la personne) s’enrichit d’un troisième élément : l’observation de soi-même. De cette triple intensification émerge une relation plus profonde avec le mystère inépuisable du Tarot : comment un assemblage d’images, de chiffres et de mots, nous guide avec une bonté infaillible sur le chemin de notre être véritable.

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Cette année, donc, nous passerons par la pratique pour consolider et amplifier la théorie…
Bienvenue aux débutants s’ils ont lu toute la première partie de la Voie du Tarot (numérologie et symbolisme de base), et bienvenue aussi aux tarologues expérimentés avec leurs questionnements issus de l’expérience : comme toujours, la master est un espace d’échange et d’expérimentation où la notion de “niveau” n’est pas déterminante.

Les cours ont lieu à Paris, dans le quartier de la Nation. Pour plus d’informations cliquez sur ce lien

Cambiamo pelle… Ritiro estivo

Quattro giornate immersi nella natura delle foreste casentinesi.
Marianne Costa ci guiderà in un percorso che ci porterà dal Tarocco alle « Finzioni riparatrici » e alla Psicopoesia, per entrare sempre più in contatto con noi stessi e con i nodi del nostro albero genealogico.
Percorso all’insegna della teatralizzazione, del respiro, del movimento avendo come base lo strumento del Tarocco, guida, Maestro, simbolo.
Info e prenotazioni: bolognatarocchi@gmail. com
3473071118

Arcane XVII (français, italiano)

Innocence enfantine ou vulnérabilité adulte?

André Breton écrit, dans « Arcane 17 », le long texte poétique qu’il a placé sous le signe de l’Etoile : « Je choisis la femme-enfant non pour l’opposer à l’autre femme, mais parce qu’en elle et seulement en elle me semble résider à l’état de transparence absolue l’autre prisme de vision dont on refuse obstinément de tenir compte, parce qu’il obéit à des lois bien différentes dont le despotisme masculin doit empêcher à tout prix la divulgation »

 

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Pourtant, quand nous regardons de près le visage de l’Etoile, premier être humain nu de toute la série des arcanes majeurs, c’est une femme mûre que nous voyons, tout le contraire d’une femme-enfant. Sa nudité n’est pas celle, enfantine, de l’angelot de l’arcane VI, mais bien une découverte issue de l’expérience, une vulnérabilité délibérée, le nectar distillé par des années de recherche. L’Etoile incarne le premier pas en Terre Promise, la preuve que le pélerinage vers la Source n’est pas un rêve mais un itinéraire bien réel, avec un point d’arrivée. Le cheminement du Tarot a17h200bcontinue, mais sous une autre forme, après l’étape de l’Etoile (ou son ‘champ’,  Compostelle). Il nous restera encore à vivre la nuit lunaire, le jour solaire, le Jugement, et à laisser s’épanouir le Monde. Mais on pourrait dire que l’Etoile est la dernière étape personnelle, que désormais tout se passera là où elle est, là où Je Suis, en union avec les lois cosmiques qui voient se succéder Lune et Soleil dans une alternance immuable. La femme desaffublée de l’Arcane XVII incarne le seul, le dernier geste possible à titre individuel : celui du don, qu’elle accomplit des deux mains, versant tout ce qu’elle reçoit à l’instant même où elle le reçoit.

 

Dans un entretien avec Roland de Quatrebarbes, en juillet 1966, Swâmi Prajñanpad disait ceci :

« L’enfant en vous doit être satisfait et avoir la permission de grandir et de devenir adulte. Qu’est-ce qu’un adulte? (c’est celui ou celle ) qui sent : « oui, il y a une tendance en moi à recevoir. L’enfant en moi est toujours là. Je le sens. Mais je vois que sans donner, je ne peux pas recevoir. Si je ne fais que recevoir je serai débiteur. Oh! Je dois donner de façon à être libre. » Ainsi la capacité à donner apparaît. Et cette capacité à donner commence à augmenter. À partir de cette tendance à recevoir, on reçoit d’abord et l’on donne ensuite, de plus en plus. Puis on en arrive au point où recevoir et donner sont à 50-50. Alors, dans ce processus, donner continue à augmenter et recevoir va en diminuant… Et finalement on en vient à donner, seulement donner, pas recevoir. Alors donner devient recevoir. » (entretiens traduits par Daniel Roumanoff sous le titre « Le But de la Vie », ed. Accarias l’Originel)

 

 

ITALIANO  (traduzione : Gessica Iannone)

Innocenza infantile o vulnerabilità adulta?
André Bretone scrive, nell « Arcano 17 », il lungo testo poetico che ha posto sotto il segno della Stella: « Io scelgo la donna-bambina non in contrapposizione all’altra donna, ma perchè in lei e solamente in lei mi sembra risieda allo stato di trasparenza assoluta l’altro prisma di visione del quale rifiutiamo ostinatamente di tenere conto, perchè esso obbedisce a leggi molto diverse per il quale il dispostismo maschile deve impedirne a qualunque prezzo la divulgazione ». Per questo,quando guardiamo da vicino il viso della Stella, il primo essere umano nudo di tutta la serie degli arcani maggiori, è una donna matura che noi vediamo, tutto il contrario di una donna.bambina. La sua nudità non è quella, infantile, dell’angioletto dell’arcano VI, ma piuttosto una scoperta uscita dall’esperienza, una vulnerabilità deliberata, il nettare distillato da anni di ricerche. La Stella incarna il primo passo nella Terra Promessa, la prova che il pellegrinaggio verso la Fonte non è un sogno ma un itinerario molto reale, con un punto d’arrivo. Il cammino dei Traocchi continua, ma sotto un’altra forma, dopo la tappa dell Stella (o il suo territorio, Compostela).
Resta ancora da vivere la notte lunare, il giorno solare, il Giudizio e lasciare il Mondo espandersi. Si potrebbe però dire che la Stella è l’ultima tappa personale, che ormai tutto avverrà là dove lei è, là dove Io Sono, in unione con le leggi cosmiche che vedono succedersi Luna e Sole in un’alternanza immutabile. La donna scoperta dell’Arcano XVII incarna il solo, l’ultimo gesto possibile a titolo individuale: quello del dono, che lei compie a due mani, versando tutto ciò che ha ricevuto nello stesso istante in cui lo riceve.
In un’intervista con Roland  de Quatrebarbes, nel luglio 1966, Swâmi Prajñanpad diceva quanto segue:
« Il bambino dentro di voi dev’essere soddisfatto, deve avere il permesso di crescere e di diventare adulto. Che cos’è un adulto? Colui o colei che sente:  «si, c’è una tendenza in me ad accogliermi. Il bambino dentro di me è sempre lì. Io lo sento. Ma io vedo che senza dare, non posso ricevere. Se non faccio altro che ricevere, io sarò debitore. Oh! Io devo dare per essere libero»
Così arriva la capacità di donare. Così questa capacità di donare inizia ad aumentare. A partire da questa tedenza a ricevere, prima si prende e poi si da, sempre di più. Infine si arriva al punto in cui dare e ricevere sono al 50 e 50. Allora, in questo processo, donare inizia ad aumentare e ricevere va diminuendo… e finalmente si arriva a donare, solo donare, non ricevere. Allora donare diventa ricevere»

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Iconographie : image d’en-tête et vignettes NB : Tarot restauré Camoin-Jodorowsky, 1997, https://www.camoin-cie.com/
Image de fin d’article : Tarot de Jean Noblet, circa 1650, Bibliothèque Nationale de France

13 + 13 = 26

(français, español, english)

L’arcane 13 est une carte qui fait peur, qui suscite du dégoût. Bien sûr, ce squelette couleur chair représente l’ossature vivante, la force de transformation interne, l’essence incarnée (en hébreu «`Etsem » signifie à la fois « os » et « substance, soi-même »). Dans le Tarot Camoin-Jodorowsky, on peut même lire sur son crâne : יהוה les quatres lettres du Nom divin tel qu’il fut révélé à Moïse, et dont la somme en valeur numérique donne 26 (donc deux fois 13 : l’arcane 13 serait la face cachée du Créateur). Mais il n’en demeure pas moins que cette carte fait peur. On m’a souvent demandé « pourquoi » ses articulations étaient rouges. Je ne savais guère quoi répondre jusqu’à ce que je tombe sur cette image issue d’un manuel d’anatomie, qui représente les zones de la moëlle osseuse rouge, celle qui génère le sang et nous donne littéralement la vie, le lieu Créateur. Encore une bonne raison de se réconcilier avec l’Arcane XIII…

El arcano 13 del Tarot engendra miedo y rechazo. Es verdad que ese esqueleto color carne representa los huesos vivos dentro de nosotros, la fuerza de transmutación interna, la esencia encarnada (en hebreo «`Etsem » significa « hueso » y también « substancia, sí mismo »). En el mazo de Camoin y Jodorowsky, hasta se pueden leer sobre su cabeza las cuatro letras יהוה del Nombre divino tal como Moisés lo recibió. La suma del valor numérico de esas cuatro letras es 26, es decir, dos veces 13 — el arcano trece seria la cara oculta del Creador. Pero el arcano sigue generando miedos. Muchas veces me preguntaron « por qué » tiene articulaciones rojas. No sabía qué contestar, hasta que encontré esa imagen en un manual de anatomía, que señala las zonas de la médula roja, la que produce nuestra sangre y literalmente nos da vida, el lugar Creador de la sangre. Otro argumento más para amistarnos con el Arcano XIII…

Arcana 13 tends to generate reactions of fear and disgust, even thought that flesh-coloured skeleton actually represents our living bone structure, our strength of inner transformation and the embodiment of essence — in Hebrew, «`Etsem » means both « bone » and « substance, oneself ». In the Camoin-Jodorowsky deck, one can even read on its skull the four letters : יהוה, the Divine Name as it was revealed to Moses. These four letters sum 26 in numeric value, which happens to be 2×13, as if Arcana 13 were the « dark side » of the Creator. Yet, the card still feels scary. I have been asked many times « why » its joints were red, and did not know what to answer until I found this image in a manual of anatomy, where the red zones represent the red bone marrow, where from our blood is generated — literally what gives us life, the Creator of our blood. Here’s another reason to make friends with Arcana XIII.

 

Meilleurs voeux pour 2.(0).18 !

La Papesse (2), le dos d’une carte (en guise de 0) et la Lune (18) d’un tarot bolonais du XVIIe siècle, conservé à la BNF, placent 2018 sous le signe de l’intuition, de la dignité et de la féminité, allégories du féminin sacré obligent… En 2019 le Soleil et le masculin seront à  l’honneur, mais pour les 365 jours qui viennent, gloire à la Mère Cosmique et à toutes ses prolongations tangibles. Bonne Année !!!

MONTREAL TAROT & POETRY Février / February

 Tarot & Occult Poetics

« Occult Poetics » symposium @ Concordia University. February 11-12, Montreal

THE CENTRE FOR EXPANDED POETICS presents: ~~OCCULT POETICS SYMPOSIUM~~
The Occult Poetics Symposium brings together some of the most exciting voices in Poetry and Occult Studies for two days and nights of presentations, practice, and readings! This event is free and open to everyone, including those not affiliated with Concordia. http://www.centreforexpandedpoetics.com/events/

Stage et Master class de Tarot à Montreal :

25 et 26 Février. Le stage (samedi 25/02) : « le Tarot comme outil de lecture psychologique », à l’espace Equilibrium, 4812 bld St-Laurent.

La Master Class (dimanche 26/02) aura lieu dans un cadre privé, elle est reservée à qui connaît déjà (au moins un peu) les arcanes majeurs car nous travaillerons sur la lecture avec majeurs et mineurs.

Les deux événements sont organisés par Gonzalo Vilches-Cabrera.

Info et réservation : (819) 620 5725 et sur http://mariannecosta-quebec.weebly.com/

marianne-costa-montreal

HUWA – english&french

                                        HUWA

Dear absent one
            your name a breath
little piece to me of One
              of Him           of You
an oasis — I said— before I bit
              the dust
                                      and saw           my thirst

This desert populated by glittering
                               mirages
where I drank too often from inexistant waters
               sand             ground down my teeth
There are still grains under my tongue
forty months later            that must be spit
But                    oh mirage
                   I remember
                                          rushing down
dreaming  your pelt of grass
                     the soft flank that never ends
paradise for kamikazes
criss-crossed by streams
To descend             to descend the length of you
who were He          the One
                        Huwa
Huwa-hou                  Huwa-hou
                     I breathe
                                           breathe
                                                             breathe myself
collapse my self
            stricken dervish        blacked out sun

Goodbye moon-skin @@ goodbye my friend my torment @@ my child drifting burning across the Gange @@ goodbye red spark
flesh of stars @@ goodbye torn hearted shell fire

                         I spit
I am                         Tarantula
                         and spit
                                             no longer sand but threads
Black Virgin that strings up viscous snares before the Door

I have eight black hairy feet and @@ I don’t see why
a Spiritual State @@ need be pure and vaporous

                                           Huwa Hou

The Absent sleeps in my arms
He is                         —  not                    here  
   his presence a thousand wisteria
                            irreducible to adjectives enlace me
                                  Sleepless
I hoist myself over walls of flannel and night
And see
                    and inhale
                                 and touch              the gown of the unthinkable
                                         Huwa Hou
Huwa hou                                            Huwa Hou
the pronoun of the absent a breath

There at the feet of You
they sway
                                      the men
inwardly drunk outwardly sober
                               in praise of the unspeakable
And I
                      from the behind the seats in the back
behind the wall             and the netting         and the lattice
Behind my curtain and blue eyes and indignity
               I sing              Huwa!
I swing                  Huwa!

I am the darkened Widow
                  the voiceless spider who implores you
          Come!                                                       I wait for you
As November waits for tawny summer
as a cold dry pen calls a tide without rhyme or erasure
           Come!
diamond kingdom of opaque breath
Come!                                          and may your blood flow
     from the artieries of sky     
into my thirsty veins
Splendour without eyes
                      Look at me!
I am here

no light in the hollows of my shadows @@ oh hermetic
womb  @@ no incalculable tastes @@  no nocturnal ascensions

There is only                what there is
this obstinate labor of threading and threading      the  web
                   where you will come
                                     Death                my sister,
My faithful                                                               to be stuck
                                     

What?
This insect with corpse wings will by my only feast?

                                      Huwa!
I am here
                                       I am here                          I am here
 Promise me eyelids of silk
 unsplintered peace
                                                                                       I am here

Torrent of love without a captain
                                                                                       I am here
The color of the sky changes
                    And I wait
as the plowed field awaits the germinating wheat
                    I wait
 for a sword an axis a bone
                   I wait
Indigo throat that abolishes the chant
      The sun is your brow the moon your eyes
                           and
              I wait
I wait for you
a drum that beats
        I wait
I wait
a heart’s embryo
        beating
 in a blood red egg
I wait
   I wait
       I wait
Involuntary rhythm of the starred cosmos
I
                         I wait
                    I wait
             I wait
        I wait

              

(english translation by Cynthia Mitchell)

 

                                                 HUWA

Cher absent
    ton nom comme un souffle
 petit morceau à moi du Soi
       de Lui              de Toi
une oasis — disais-je — avant de mordre
    la poussière       
                              et voir       ma soif
Ce grand désert peuplé de scintillants
                 mirages
où j’ai bu trop souvent l’eau qui n’existe pas
    du sable     à m’en user les dents
J’ai encore des grains sous la langue
quarante mois plus tard               qu’il faut cracher
Mais            ô mirage
         je me souviens
                    dévaler   
en rêve ton pelage herbu
                   le flanc si doux qui n’en finissait pas
un paradis pour kamikazes
     sillonné de ruisseaux
Descendre                descendre le long de Toi
qui étais Lui         le Soi     
        Huwa

Huwa-hou                        Huwa-hou
        je souffle
                  souffle
                    m’essouffle
m’écroule
      derviche foudroyée        soleil offusqué

Adieu peau de lune @@ adieu mon ami mon tourment @@ mon
enfant qui dérive en brûlant sur le Gange @@ adieu étincelle rouge
charnue comme une étoile adieu @@ tir d’obus qui emporte un coeur écartelé

                 Je crache        
Je suis            Tarentule
        et crache
                non plus du sable mais des fils
Vierge noire qui tisse      
    ses rets visqueux devant la Porte

J’ai huit pattes poilues @@ et je ne vois pas pourquoi un
Etat Spirituel serait forcément @@ pur et vaporeux

            Huwa Hou

L’Absent dort dans mes bras
Il n’est                                     —      pas       là    
   sa Présence comme le parfum de mille glycines
        irréductible aux adjectifs m’enlace
            Insomnieuse
Je me hisse aux parois de flanelle et de nuit
et vois     
        et hume         
                et touche         la robe de l’Impensable

        Huwa hou
Huwa hou        Huwa hou
Le pronom de l’Absent comme un souffle

Là bas devant aux pieds de Toi
ils se balancent
            barbus
ivres dedans sobres dehors
    chantent les louanges de l’imprononçable
Et moi
        depuis le fond des sièges du fond
derrière le mur     et les grillages     et les moucharabieh
        moi aussi
derrière mon voile et mes yeux bleus et mon indignité
    je psalmodie        Huwa!
et me balance           Huwa!                                

    je suis la Veuve enténébrée
            l’araignée sans voix qui T’implore
    Viens!                     je T’attends
comme en novembre on attend l’été fauve
comme la plume froide et sèche
appelle un flux sans rimes et sans ratures
    Viens!
règne diamant au souffle opaque
    Viens!                 et que ton sang coule
    depuis les artères du ciel
jusqu’à mes veines altérées
Splendeur sans yeux,
        Regarde!
Je suis là  
 
pas de lumière au creux de mes ténèbres @@ ô matrice
hermétique @@ pas de saveurs incalculables  @@ pas d’ascensions nocturnes

Il n’y a  là             que ce qu’il y a
ce labeur obstiné de tisser     et tisser     la toile
       où tu viendras
        la Mort     ma soeur,
ô ma fidèle                                                   t’engluer    

                                           Quoi?
La mort insecte aux ailes de charogne sera mon seul festin?

        Huwa!
Je suis là   
         Je suis là              Je suis là
Promesse aux paupières de soie
    toi la paix qui n’a pas d’échardes
                        Je suis là
Torrent d’amour sans capitaine
                        Je suis là
La couleur du ciel change
    Et je T’attends
comme un ventre de glèbe attend le blé qui germe
    T’attends
comme une épée, un axe, un os
    T’attends
Gorge indigo qui abolit les chants
     Le soleil est ton front la lune sont tes yeux
        et         je
    T’attends  
T’attends
suis un tambour qui frappe
        T’attends
T’attends
comme un coeur embryon
          battant
   dans l’oeuf pourpre
T’attends
  T’attends
      T’attends
ô rythme sans vouloir du cosmos étoilé
Je
    T’attends
        T’attends
     T’attends
  T’attends
T’attends

 

Limon/Liamone français&english

Littoral
 battu par les vents d’ouest
   où déferlent des murs d’eau verte
Seuil insoumis vers le tout-autre
Le flux boueux du fleuve
     s’y rend
livrant son spasme à la mer
âcre douceur octroyée des monts

Limon
 crues et cascades
 bouses des vaches alpinistes
       géométries secrètes
Les araignées d’eau
             tissent le cours du fleuve
de chuchottis indéchiffrables
     éventrés           au fracas des vagues

Jadis
sous le même soleil dur
la malaria prospérait dans la plaine
Terre de fièvres
juste bonne pour les femmes
   delta de bourbe où plane un siècle après
le spectre de la malemort
cloaque ébouriffé d’eucalyptus    centenaires
aujourd’hui impuissants
terrassés

Plus haut les vaches maigres
trébuchant aux galets
broutent l’herbe rare     née du limon
    le fleuve amant fébrile
se fraie encore sans relâche
un passage au giron des vagues
    et elle résiste
                la mer
comme une fille qu’on veut forcer
se cabre et crache des remparts de sable
embouchure    obstinée   ensevelie
au tango des tempêtes
    il pousse elle cède en résistant
Terre de femmes
terre d’été
des enfants nus se jettent à l’eau
leurs cris d’une rive à l’autre

Hier
le feu du ciel était dur dans la plaine
tout le jour
ils récoltaient l’arba tavaccu
la Kentucky nouvelle aux feuilles longues
velues immenses
enfilées en guirlandes
« et ça collait aux mains ça collait »
une voix s’en souvenait encore
l’été dernier
les mémoires de la plaine
coulaient de lui
comme le limon de sa source montagneuse
« et cette odeur, si vous saviez… »
oui vireuse entêtante
le poison cru
sa couche visqueuse aux paumes
vaincue seulement
par la chair acide des tomates vertes
Trois quarts de siècle après
il refaisait le geste
sourire prognathe
se frottait les paumes
    cette joie qu’il avait de dire
    Puis refluait dans sa cabane
y cuisait trois courgettes
fenêtre ouverte
radio à fond
goûtant un paso doble de toutes ses oreilles sourdes

Il est mort juste avant cent ans
Personne ne viendra plus le trouver
lui et ses baguettes
pour dénicher l’eau
tapie       sous la surface
personne ne l’a pleuré
sinon le fleuve
et tous ses affluents secrets
     veines blanches de la terre encore vierge

un enfant du limon retourné au limon
un fils du Liamone un frère
un paisanu
                                     
Le fleuve charrie sa boue
   comme il emportera un jour la mienne
grossir les alluvions engraisser la plaine
Mais l’âme – sa – mémoire –
        qui n’a jamais été sourde
elle      vire à contre-courant
s’envole    file sous le pont de Trughja
et
    Arburi Rosazia Vicu Murzu Letia
    remonte le cours de l’eau
bousculant gerridés et tétards dans leur trous
     glisse
        cristal ivre d’amont
à Cimatella
    nul ne l’attend
           pas un crétin en quad
pas un touriste      pas un grimpeur
Personne
    pour empêcher
l’esprit du vieux sourcier de s’unir à la Source.

(in memoriam A. Adami, sourcier du village de Casaglione, 1914-2014)

 

Limon/Liamone

Littoral
Beaten by the western winds
   where walls of green water break
insurgent threshhold toward the all-other
The muddy flux of  river
        goes
bringing its spasm to the sea
the mountain’s acrid sweetness granted

Silt
hollows and cascades
dung of alpine cows
           secret geometries
spiders of water
              weave the river’s path
of indecipherable whispers
     ripped open        to the racket of waves

In other times
under the same hard sun
malaria prospered on the plain
Land of fevers
Good enough for women
    mucky delta where a century later
cruel death floats
cesspit disheveled by ancient eucalyptus
now powerless
layed low

higher up the thin cows
stumble over pebbles
graze the rare grass     born of silt
     the fevered lover river
still makes its way relentless
to the breast of the waves
            and she resists
                                         the sea
like a struggling girl spits up ramparts of sand
foul-mouthed obstinate buried
in a tango of storms
                  being pushed she cedes as she resists

Land of women
earth of summer
naked children throw themselves in water
crying across the riverbanks

Yesterday
the fire of sky was hard on the plain
all day
they gathered the l’arba tavaccu
long leaves of Kentucky tobacco
immense and hairy
woven into garlands
“and it sticks to the hands it sticks”
a voice still remembered
last summer
the memory of the plain
flowed with it
like the silt from a mountain spring
“and the smell, if you knew…”
yes toxic heady
raw poison
the viscous layer on the palms
cut only by the acid flesh of green tomatos
three quarters of a century later
he repeated the gesture
the underbitten smile
rubbed himself with his hands
       this joy of speaking it
then flowing back into his hut
and cooking three zuchinis
the window open
radio blasting
trying a paso doble on the fullness of his deaf ears

He died just before 100
Nobody will come to find him anymore
He and his sticks for divining water
hidden            under the surface
nobody cried for him
if not the river
and all her secret streams
         white veins of the still pure earth

a child of silt returned to silt
a son of Liamone a brother
a paisan
the river carries his mud
       as one day it will carry mine
to impregnate the alluvium fatten the plain
But the spirit – his – memory –
                            that has never been deaf
she           veers against the current
soars               spins beneath the Trughja bridge
and
Arburi Rosazia Vicu Murza Letia
      climbs the path of water
pushes water spiders tadpoles in their holes
               glides
                         drunken crystal streaming up
to Cimatella
   nothing waits there
                not a cretin on a quad
not a tourist    not a hiker
Nobody
                to inhibit
the old sorcerer’s spirit from uniting with the Spring.

(in memoriam A. Adami, dowser of the village of Casaglione. 1914-2014)
       

English translation by Cynthia Mitchell

      

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